L’une des voix les plus prominentes au sein de la communauté Bitcoin francophone est Jacques Favier. Ayant été historien avant de devenir Bitcoiner, Jacques a souvent un point de vue très intéressant sur bien des aspects de la révolution qui se déroule sous nos yeux.
Quand on lui demande ce qu’est la monnaie, Jacques répond souvent que le statut de monnaie d’un bien ne peut pas être analysé séparément de l’espace dans lequel ce bien évolue. L’Euro est utilisé partout dans l’Union Européenne, mais nul ne songerait à payer son café avec aux Etats-Unis, et vice-versa. Les cigarettes deviennent monnaie sous certaines conditions, comme le démontrent tous les milieux carcéraux fermés, de la Kolyma aux prisons américaines.
Bitcoin, par essence, est la monnaie du cyberespace. Déplacé sans permission, absous de toute frontière et de toute juridiction, d’un ilôt digital à un autre. Il est un symbole d’espoir pour les êtres de l’ère numérique.
Mais le cyberespace est un vaste domaine. Adimensionnel. Libre et ouvert par nature, et pourtant partout cloisonné de barrières. Sur ces barrières, les Corporations et les Etats ancrent leur domination. Ils fragmentent le Jardin d’Eden pour prendre le contrôle de ses parcelles, sur lesquelles ils règnent sans partage et imposent leur loi. Ils érigent des frontières artificielles, des espaces créés de toutes pièces où leurs monnaies sont reines et Bitcoin banni.
Facebook a échoué à créer sa propre monnaie avec Libra, car ils ont échoué à reconnaître que l’espace qu’ils espéraient s’accaparer était encore celui des états nations. Ils ont donc tourné leur regard vers le dernier domaine libre. Ils règent déjà sur de vastes portions du cyberespace, mais cherchent maintenant à étendre leur racine aux profondeurs de la toile. Un spectre hante le cyberespace, et ce n’est pas celui du crypto-anarchisme.
Ne faites aucune erreur concernant le matavers de Facebook. Ce n’est rien d’autre qu’une nouvelle prison de l’esprit. Sa monnaie ne sera pas faite de cigarettes. Ce sera la Libra.